22/09/2013
La Vie m'occupe beaucoup - entretien avec Laurent Gidon
Géante Rouge n°21 est sorti des presses. Et pour vous faire patienter jusqu'à son arrivée dans vos boîtes aux lettres, voici l'interview de Laurent Gidon, parue dans le n°20:
Géante Rouge : « Pourquoi écrire ? »
Laurent Gidon : « Pourquoi écrire, en général ? Pour qu'il reste quelque chose à partager. On peut aussi dessiner, sculpter, enregistrer de la musique. Mais écrire, c'est bien.
Et pour mon cas à moi que j'ai ? Parce que je ne sais rien faire d'autre. Et puis j'aime ça. J'aime le faire, et parfois j'aime le résultat.
GR : « Quand t'es-tu rendu compte que l'écriture comptait pour toi ? Autrement dit, quand as-tu commencé à coucher sérieusement quelque chose sur le papier ? »
LG : « J'allais dire : “quand on m'a payé pour le faire”, mais c'est spécieux, puisqu'il s'agissait d'écrire de la pub. Disons plutôt quand j'ai vu que cela intéressait des lecteurs, que ce soit ma douce, des collègues de bureau ou... un éditeur. Mais en fait, pour revenir à la première partie de ma réponse — la paie —, je crois que c'est là que j'ai appris deux choses : le style sert à faire passer le fond, et donc les séparer est idiot. Et si quelqu'un dit que c'est mauvais, c'est vrai : il faut retravailler ou passer la main. En fait, plus que l'écriture, ce qui compte pour moi, c'est ce qu'on peut faire passer avec. Si je savais jouer de la musique, j'en jouerais pour les émotions que ça procure. Je ne sais qu'écrire, alors... »
GR : « L'important, finalement, pour toi, est l'acte de communication avec les autres ? Ce serait comme une forme de sociabilité exprimée par un art ? »
LG : « Ou une façon de contourner une timidité qui peut se transformer en brutalité, comme dans le cas de tous les timides qui essaient de se forcer. L'art est un formidable moyen d'enclencher les choses quand on pense ne pas être assez intéressant pour les autres. Mais il m'a fallu longtemps pour comprendre qu'être est plus important que faire. C'est peut-être pour ça que j'écris moins maintenant. »
GR : « Quelle était la nature de ces premiers textes ? »
LG : « Des nouvelles très “littérature générale”, comme Oedipus next et Dernier retour ; tristes et sombres, en même temps que des histoires de SF plus rigolotes dans un style “Âge d'or” marqué par Asimov, Heinlein et un peu Dick. Après, je ne me suis plus posé la question : j'écrivais ce qui venait, ou alors ce qu'on me demandait dans les appels à textes, un peu comme des défis à relever. Mais la démarche était toujours la même : faire du mieux possible dans mon coin, et puis montrer le résultat à quelqu'un en demandant “qu'est-ce que tu en penses ?” Je n'ai jamais rien écrit sans le montrer ou le faire lire. »
GR : « Te faire publier est donc quelque chose qui t'est tout de suite venu à l'esprit ? »
LG : « Disons que, lorsque j'ai eu besoin d'un éditeur pour m'adresser à plus de monde, je ne me suis pas posé de questions et j'ai cherché jusqu'à ce que j'en trouve un. Mais il y avait un précédent avec Oedipus Next que j'avais écrit pour le concours d'un magazine. Ce texte, mon tout premier, a figuré parmi les lauréats et a été publié — ainsi que d'un certain Karim Berrouka. Alors j'ai forcément chopé la pastèque, diraient certains, mais l'idée que ce que j'écris est publiable vient probablement de ce bref coup de chance. Ça et le fait que, dans mon job de publicitaire, tout ce qu'on écrit fini par être imprimé — ou filmé, ou enregistré pour la radio. Il est inconcevable de se dire en plein milieu “ben, en fait on arrête, on va pas le faire”. On travaille, jusqu'à ce que ce soit bon, ou au moins que ça plaise au client. C'est formateur, mais cela donne aussi une attitude pro-active qui n'est pas la norme dans le milieu de l'édition. »
GR : « Et puis finalement, donc, après une poignée de nouvelles, un premier roman : Aria des Brumes, publié au Navire en Pleine Ville, un éditeur qui était spécialisé dans ce qu'on appelle maintenant le “Young Adult”. Tu avais conscience d'écrire pour des jeunes lecteurs, ou bien est-ce venu après plusieurs retours préalables ? »
LG : « Je l'avais écrit pour ma douce, qui était très young mais déjà complètement adult et mère de deux garçons. Le livre a pu paraître sous la loi de 1949 parce qu'il n'y a pas trop de violence et pas de sexe. La violence parce que c'est un peu le thème du livre, et le sexe parce que l'histoire n'en avait pas besoin. C'est donc plus par convergence naturelle que par lien de cause à effet : il a plu à Hélène Ramdani qui a bien voulu me le faire travailler et le publier. Il se trouve qu'Hélène publiait de la littérature pour grands adolescents, mais je ne le savais même pas. À aucun moment elle ne m'a demandé d'édulcorer ou de simplifier pour répondre aux impératifs marketings d'une collection ou d'un lectorat. Au contraire, elle m'a fait développer un final au pas de charge en trois chapitres plus fouillés. Quant aux retours que j'ai eus — si si, j'en ai eu — je n'ai jamais demandé l'âge du lecteur ou du chroniqueur. J'aurais dû ? »
GR : « Parlons un peu de Djeeb, si tu le veux bien. On a régulièrement invoqué les mânes de Jack Vance concernant les deux romans que tu as publiés sur ce personnage. Est-ce une filiation assumée ? »
LG : « Totalement. Je me suis dit : “Ok, je suis Jack Vance, je veux raconter une histoire à partir de rien, comment je m'y prends ?” Cela peut paraître arrogant, mais c'était vraiment pour moi une reconnaissance de son talent à construire des histoires sur l'interaction entre un personnage et un univers. Je me suis donc coulé dans la trame classique du héros qui débarque dans un environnement qu'il ne connaît pas et dont il va révéler le fonctionnement par son incapacité à suivre les règles. Ce n'est sans doute pas propre à Jack Vance, mais c'est chez lui que j'ai trouvé les exploitations les plus savoureuses de cette mécanique très efficace. Sauf que je n'ai pas réussi à faire du Vance. Lui sait se passer des effets de style pour se concentrer sur l'efficacité du récit, alors que j'ai eu besoin de faire sonner la langue. Je trouvais que cela collait bien au personnage, mais c'était peut-être seulement pour me rassurer. »
GR : « Pourtant, par rapport aux personnages de Vance comme Cugel, il y a une face sombre chez Djeeb. Je ne parle pas de ses activités éventuellement illégales, mais de son moral. Il lui arrive régulièrement, notamment dans Djeeb l'Encourseur, de vouloir tout laisser tomber face à l'adversité, jusqu'à se laisser aller vers la mort. Comment expliques-tu cela ? »
LG : « Comme toi, certains lecteurs ont pensé à Cugel – peut-être à cause du titre – alors que ce n'est pas ce personnage qui j'avais en tête en écrivant. D'ailleurs je n'aime pas beaucoup les aventures du Cugel, je leur préfère les ambiances moins ironiques de Lyonesse ou d'Araminta. Pour Djeeb, je n'avais pas vraiment de modèle, ou alors quelque chose entre Don Quichotte et Salvador Dali. C'est un personnage versatile qui peut passer de l'enthousiasme le plus horripilant s'il a un public, au doute le plus noir dans la solitude ou l'échec. Mais il ne souffre que de ce qu'il s'inflige lui-même. Pas très Cugel, donc. »
GR : « En tout cas, ce qui est notable avec lui, est finalement l'omniprésence de l'humour, même dans les situations désespérées. Un humour qui a laissé la place à quelque chose de totalement glacial dans la nouvelle Viande qui pense (Bifrost n°56), un texte qui a surpris beaucoup de lecteurs par sa violence morale. D'où vient ce texte ? »
LG : « D'une part de mon expérience militaire pendant mon service, période où je me suis transformé en parfaite machine de guerre malgré toutes mes résistances. Et d'autre part d'une réflexion suite à l'abandon de l'armée de conscription en France : au lieu de confier la défense aux “fils de la nation”, expression un peu pompeuse mais qui dit bien que ce sont les enfants de tout un chacun qu'on envoie se battre, aujourd'hui on paie des gens dont c'est le métier pour aller porter au loin la violence nécessaire à notre sécurité ici. On voit bien avec un pays comme Israël que l'armée de conscription n'est pas la garantie d'un accord intérieur sur la nécessité ou la morale des opérations engagées, mais il me semble que nous avons coupé le lien intime qui nous unissait à notre violence nationale et nous permettait de la penser sinon de l'accepter. Et cette violence qui nous paraît désincarnée, utilitaire, risque de nous revenir très fort dans la figure. Viande qui pense, c'est un peu tout ça. Mais c'est aussi un thème très présent dans Aria des Brumes, même s'il est travaillé en antithèse. Ce sont des questions qui me traversent souvent : quelle violence est acceptable dans une société, comment on l'évalue, la gère, la nie, comment on se la raconte aussi. L'idée qu'une bonne histoire comporte avant tout un bon méchant en dit beaucoup sur notre rapport au conflit et à sa résolution par la violence. »
GR : « Tu t'es lancé dans l'écriture d'un nouveau roman, L'Abri des regards, que tu as publié sur un blog dédié. Pourquoi cette expérience ? »
LG : « L'Abri des regards est un truc un peu à part, à la limite de l'autofiction. Je l'ai proposé à des éditeurs qui m'ont dit que la limite en question était outrageusement franchie, que ce n'était pas publiable chez eux. Je respecte leur avis, mais je voulais savoir ce qu'en penseraient des lecteurs lambda, s'ils le rejetteraient complètement aussi ou si c'était lisible, voire intéressant. Alors je l'ai mis en ligne sous forme de feuilleton gratuit tout l'été dernier. Et il a été très suivi. Peut-être pas en quantité, mais en profondeur. J'ai eu énormément de retours par mail, des gens que je ne connaissais pas qui me disaient ce que ce texte avait réveillé en eux, des gens que je connaissais et qui osaient enfin me dire ou se dire certaines choses. Il faut avouer que le thème s'y prête : dépression et suicide, comment vivre avec l'une et l'ombre de l'autre, comment chercher les traces du bonheur ou du malheur chez soi et chez ses proches... Bref, j'ai écrit L'Abri des regards comme tout ce que j'écris, pour que ce soit lu, et je ne regrette pas. D'ailleurs les statistiques du blog me disent que régulièrement un nouveau visiteur tombe dessus et s'enchaîne les 42 (!) chapitres en un ou deux jours. Beaucoup de lecteurs m'ont dit que ce texte peut faire du bien et qu'il devrait paraître en librairie. Donc je continue de lui chercher un éditeur selon les voies classiques pour le sortir de la confidentialité. »
GR : « Cela ne te fait pas peur de chercher à quitter le giron du fandom et des éditeurs spécialisés ? Et si tu trouves un éditeur, envisages-tu d'utiliser un nouveau pseudonyme, pour bien différencier cette facette de ton travail ? »
LG : « Je ne cherche pas à quitter le fandom parce que je n'ai pas l'impression d'en faire partie. J'apprécie beaucoup des gens très actifs dans ce milieu, des libraires, des auteurs, des lecteurs souvent aussi chroniqueurs, et des éditeurs que j'ai pu croiser, mais je participe aussi à d'autres salons généralistes, j'y rencontre d'autres personnes, et cela correspond bien à ce que j'écris comme à ce que je lis. D'ailleurs, chaque fois que je commence quelque chose je ne me pose pas la question de la case dans laquelle ça rentre : je trouve ça bien ou pas, j'y arrive ou je n'y arrive pas, c'est tout. Si je pouvais faire publier de la SF ou de la Fantasy par un éditeur généraliste, ça m'irait très bien. Maintenant, quand je trouverai l'éditeur pour L'Abri des regards et pour d'autres projets en cours, la question du pseudonyme ne se posera plus. Je signe tout sous mon nom et c'est tout. Un peu comme un peintre, qui ne va pas changer de signature parce qu'il essaie autre chose : si le public est surpris, tant mieux. Je ne suis pas contre aider les lecteurs à s'y retrouver, mais c'est à l'éditeur de le faire, avec ses collections et son travail de positionnement. Pour ma part, je me suis recentré et ne suis plus que moi-même : quoi que j'écrive, c'est moi. J'avais par exemple créé un pseudo pour écrire des histoires vraiment dégueulasses. Eh bien c'était idiot. Je ne veux plus me cacher sous une étiquette : soit je me défoule en écrivant des trucs dégueulasses et j'assume, soit je ne les écris pas. Bien sûr, cette réflexion ne concerne que moi. Je ne pense pas que d'autres auteurs utilisent des pseudos pour se cacher, s'ils le font je ne peux pas critiquer : ils ont sans doute leurs raisons. »
GR : « Parlons de Blaguàpart, si tu le veux bien. Tu n'es pas seulement romancier, mais, on l'a déjà vu, aussi nouvelliste. Et tu as fait paraître chez Griffe d'Encre ce recueil. Un auteur talentueux, une couverture de Zariel qui pétille et attire l’œil, et pourtant c'est, de ton propre aveux, un échec. Comment analyses-tu cela ? »
LG : « D'une part je voudrais nuancer le mot échec : Griffe d'Encre considère que les ventes sont correctes. En revanche, je trouve à titre personnel que le travail qui a été fourni sur ce recueil n'est pas justifié par les lecteurs qu'il a touchés. Et je parle du travail de l'équipe, pas de l'auteur. J'espère que le milieu se rend compte du niveau d'exigence chez Griffe d'Encre. Les textes ont tout d'abord été magistralement relus par Karim Berrouka qui a su sélectionner ceux qui constitueraient le meilleur recueil et m'a poussé à les améliorer avec intelligence et tact. Cela a pris près d'un an. En parallèle, Zariel a présenté plus de huit projets de couverture pour en arriver à cette illustration magistrale qui a réussi autant à nous faire rire qu'à faire hurler le fandom. Ensuite, trois personnes ont relu les maquettes et je crois qu'aucun lecteur n'a relevé la moindre coquille dans les exemplaires imprimés. Enfin il y a eu les libraires qui ont lu et mis le livre en avant, rédigé des accroches « Coup de cœur », tenté de le vendre... Tout ce travail aurait été le même pour 10000 ventes que pour 100. Et je suis sûr que chacun serait prêt à refaire sa part sur un autre projet. Maintenant, en tant qu'auteur, il me revient de décider ce que j'écris. Si j'estime que tout ce travail n'est pas justifié par l'émotion que nous avons réussi à faire naître, je peux tout simplement ne plus présenter des projets de ce genre à des éditeurs de qualité. Je préfère proposer mes textes, mêmes imparfaits, en lecture gratuite à ceux qui y prendront plaisir, sans mobiliser toutes ces énergies qui seraient mieux employées — toujours selon moi — sur des ouvrages ou des auteurs touchant plus de monde. C'est pour cela qu'il n'y aura pas en librairie de Blaguàpart 2, bien que j'aie de quoi faire encore deux volumes, ni de Djeeb 3 bien qu'il soit écrit à 70%, ni de Aria 2 et 3 bien que le tome 2 soit écrit et le 3 bien entamé. Je tiens ces textes à la disposition de ceux qui veulent les lire, mais je ne vais pas déranger un éditeur qui perdrait son temps même à ouvrir l'enveloppe du manuscrit. C'est exprimé de façon un peu radicale, mais cela traduit ma position face à l'écriture et au temps qu'il me reste. Écrire pour me faire plaisir ne me suffit pas : il faut que cela touche les autres. J'ai connu la joie intense d'être publié, d'avoir de bonnes critiques, d'être invité sur des salons et je ne regrette rien de tout cela. Mais les retours sur L'Abri des regards, par exemple, ou simplement des billets de blog, sont d'une qualité différente. C'est ce que je cherche, maintenant. En gros, arrêter de me demander ce que j'ai envie d'écrire, mais plutôt “qu'est-ce que cela va apporter ?” Et tant que je n'ai pas trouvé, je cherche sans déranger les professionnels. »
GR : « Que penses-tu, justement, des nouvelle possibilités d'édition numérique, qui limitent les risques éditoriaux sans restreindre l'accès du public ? »
LG : « J'y vois à la fois une opportunité et une menace. Pas celle du piratage, bien sûr, mais celle du bruit de fond. La masse des livres imprimés et disponibles en librairie est déjà telle qu'on ne peut plus faire le tri. Tout se publie et il est très difficile pour un lecteur moyen de trouver ce qui lui plaira, comme pour un éditeur de faire émerger son travail. On risque donc un double effet d'atomisation et de concentration. Des engouements passagers – ou durables d'ailleurs – draineront un lectorat de masse sur des livres ou des auteurs dont l'éclat aveuglera tout le reste, et une immense majorité de textes auront une dizaine de lecteurs dans leur coin d'ombre. Un peu comme cela se passe en format papier, mais de façon exacerbée. L'opportunité à saisir en revanche est celle du contact direct entre lecteur et auteur, avec possibilité de création de communauté autour d'un projet entraînant questions et contributions. D'une lecture de distraction on pourra insensiblement passer à un véritable échange ouvrant sur autre chose. Ce n'est plus la qualité du texte qui sera en cause - on pourra entamer une relation à partir d'un produit type “Arlequin” – mais la disponibilité de l'auteur à poursuivre son travail auprès des lecteurs. Et cela m'intéresse beaucoup. Mais, dans ce processus, l'éditeur a encore sa place. Comme un véritable partenaire qui aide l'auteur à creuser son sujet ou son expression, puis comme passeur, comme marque, comme enseigne pour aider les lecteurs à repérer des textes travaillés. »
GR : « Sur quoi travailles-tu actuellement ? »
LG : « La frénésie de l'écriture et de la publication m'a quitté. Depuis quelque temps, je me suis limité à deux projets. Une nouvelle dont j'avais posé le principe mais que j'ai mis plusieurs mois à aboutir en y travaillant pourtant régulièrement – celle qui accompagne cet entretien – et un roman dépassant la forme d'autofiction pour entraîner des personnages de mon entourage dans un dialogue qui n'a pas pu avoir lieu du vivant d'un des protagonistes. Pour être plus clair : si mon père ne s'était pas suicidé il y a près de vingt ans, qu'aurait-il à nous dire aujourd'hui ? Cela me prendra du temps, mais j'en ai. Il y a un blog aussi, sur lequel j'essaie de donner des billets de plus en plus littéraires. Et puis j'ai toujours une dizaine de textes en cours qu'il m'arrive de travailler quand l'envie me vient. Juste pour me faire plaisir, quoi. Sinon, je suis comme tout le monde : la vie m'occupe beaucoup. »
Propos recueillis par Patrice Lajoye
© Géante Rouge et Laurent Gidon, 2012
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